Furax,  roman
par Fred CAUDE
ISBN 979-10-90004-11-5
(Mai 2012, version numérique,
228 pages, 5 euros)

               

    Allez-y, rigolez pour commencer... ça durera pas.

    Moi, il a fallu que ze m'y fasse, à mon seveu sur la langue.

    Dézà enfant, c'était moqueries et bagarres.

    Comme les adultes nous l'apprenaient, z'essayais de me faire ma place. Mais z'ai zamais été fort en bagarre, z'en prenais plein la tronsse.

    C'est peut-être pour ça que ze suis pas beau auzourd'hui.

Jules

 

    

   Fred Caude ressemble à Michel Simon. Jeune. J’aime Michel Simon. Hirsute. Barbu. Chevelu. L’air de n’avoir pas dormi, jamais dormi. Ou mal dormi en mauvaise compagnie. En compagnie de qui ? De son chien ? D’une femme appelée bourrasque ou d’un de ses compagnons de misère ? Dans l’œil, dans la voix et le phrasé, une tendresse, de l’ironie, et de la tendresse pour les gens. Je vais vous dire, j’aime Michel Simon qui a su, dans un monde où il faut être beau, propre et riche, imposer à l’écran le moche, le dégueu, le pauvre, mais riche de savoir-(sur)vivre et de savoir-résister, riche de langues et d’amours. J’aime Michel qui a su marier l’humour à l’amour et au désamour. (...)

    Je vais vous dire, j’ai lu Caude – j’aime bien ce nom – Caude. Cauda, le chef d’orchestre, a un geste brutal, le visage épuisé comme s’il avait tout donné – la fin de quelque chose, l’arrêt brutal d’une histoire. Caude, chef d’orchestre littéraire, achève une symphonie, une d’avant-guerre, du Tchaikovsky. Pour que la musique couvre les cris des morts noyés sous la glace. (...)

     Après tant de saloperies, pour être aimé, quand on ne s’aime plus soi-même, il n’y a qu’une solution, celle de François, le saint débauché d’Assise : vivre avec les animaux ou les humbles – ou faire la queue à la soupe populaire. Caude a choisi les plus humbles, ceux qui vivent comme des animaux, parce que les animaux sont ce qu’ils sont, comme ils sont, purs sentiments, pures émotions, éternels enfants, enfants battus, enfants vaincus, enfants perdus, mais justement qui n’ont plus rien à perdre. On a beau taper dessus, un chien ne devient pas un chat. Ça n’empêche pas les sentiments.

 

Extrait de la préface de Ricardo Montserrat


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